Connaissez-vous Inhotim ? Derrière ce mot mystérieux, aux sonorités exotiques et sans réelles définitions, se cache un lieu sans pareil, où art et nature sont consacrés, en toute démesure.
L’itinéraire pour s’y rendre est incertain ; au sud-est du Brésil, à 60 kilomètres de Belo Horizonte, la visite du lieu se mérite. Petites routes de montagnes, traversées de villes minières poussiéreuses et végétations rebelles sont le lot des touristes, artistes et amateurs d’art, comme un chemin de croix avant le paradis.
S’ouvrent alors les portes d’Inhotim, jardin botanique de 1 000 hectares, où les espèces de fleurs les plus rares côtoient les installations d’artistes du monde entier, tous internationalement reconnus.
Certains exposent en extérieur, tels des enfants dans le plus immense des jardins, auxquels on aurait donné tous les moyens du monde : Yayoi Kusama fait une relecture du mythe de narcisse avec d’innombrables boules réfléchissantes à la surface d’un grand lac, Olafur Eliasson érige un kaléidoscope géant dans lequel la jungle environnante se démultiplie, Chris Burden lâche d’imposantes lames d’acier du haut de grues pour les planter dans le sol…
Narcissus garden – Yayoi Kusama, 2009.
D’autres, bénéficient de leurs propres pavillons, larges maisonnées parsemant le parc où l’artiste installe son univers. L’expérience qu’il est donné de vivre est chaque fois inédite et troublante, à la manière de l’endroit tout entier. D’un pavillon à l’autre, en plus des peintures, fresques, sculptures et photographies, les installations vous plongent dans une pièce où tout est rouge, une autre où tout est miroir, ou encore, vous fait entendre les échos de la terre au moyen de microphones installés à 200 mètres de profondeur. Les repères se bousculent et disparaissent, parce que tout y est grand, beau, puissant, et l’immersion est totale.
L’un des pavillons d’Inhotim, parsemant le parc de nombreuses galeries d’art.
Inhotim, cela ressemble à un rêve fou : celui de Bernardo Paz, mystique milliardaire de l’industrie du minerai. L’homme soutient qu’art et nature sont ce qui peut donner foi en la vie, en l’humanité, et s’en fait son projet de vie : transmettre ces deux passions au plus grand nombre, en particulier les enfants – Inhotim contient désormais une école où l’art contemporain est enseigné gratuitement. De quoi perdurer le lieu à travers les générations, et emplir plus encore de merveilles artistiques et naturelles ces 1 000 hectares, dont seulement le quart est à ce jour exploité.