Comme chaque année, le sud de la France attend de nombreux vacanciers, venus se détendre au soleil et goûter aux saveurs méditerranéennes. Mais vacances ne signifie pas nécessairement farniente culturel : à Marseille, une exposition-événement investit le Mucem – Musée des civilisations de l’Europe et de la méditerranée.  Ai Wei Wei, figure majeure de l’art international, y est invité du 20 juin au 12 novembre.

Une exposition inédite et d’envergure, à l’image du travail de l’artiste chinois. Un travail riche en formes, de la sculpture à l’installation, avec toujours un regard sur le quotidien, ses objets, ses usages, et les ressorts culturels qu’ils sous-tendent. Ses travaux sont convoités partout dans le monde et dépassent le seul périmètre du monde de l’art. Subversif, opposé à son régime, l’artiste crée pour transmettre une vision critique de la société, qu’il veut humaniste plus que politique – une vision qu’il défend, très activement, sur les réseaux sociaux.

En réponse, le gouvernement chinois l’incarcère en 2011, pour une durée de 81 jours, dans un lieu tenu secret et au mépris de toutes intégrités humaines. Libéré sous caution après de nombreuses indignations, du monde artistique comme de l’opinion publique du monde entier, il ne récupèrera son passeport chinois qu’en 2015. Mais Ai Wei Wei ne se décourage pas, et poursuit sa quête artistique et engagée, avec le soutien d’institutions culturelles étrangères, créant des passerelles entre Chine et Occident.

 C’est aujourd’hui le Mucem qui le convie, pour la plus grande exposition française qui lui soit consacrée. Les vocations de l’artiste comme du musée y sont réunies : observer, documenter le quotidien, se pencher sur les notions de civilisations, de distances et d’échanges. Autre pertinence du partenariat, Marseille fût en 1929 la première ville d’accueil d’Ai Qing, poète et intellectuel lui-même opprimé par la Chine, et père d’Ai Wei Wei. Venu en repérage l’été dernier, l’artiste revient notamment sur cette parenthèse phocéenne de son paternel. L’exposition réunit des œuvres passées, rarement exposées, et de nouvelles pièces spécialement créées pour l’événement, telles que des œuvres en savons de Marseille ou la reconstitution d’un temple chinois.

Le ready-made, le surréalisme, grands frères occidentaux d’Ai Wei Wei, y sont mêlés aux traditions et modernismes chinois, à l’image de toute son œuvre. Certaines pièces de la collection du Mucem ont également été choisies pour venir dialoguer, en résonnance. Une exposition à ne pas manquer, dans un lieu à l’architecture impressionnante, entre vieux-centre et bord de mer.

Ai Wei Wei au Mucem, du 20 juin au 12 novembre.

Bonus vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=CMJSaYJdGpw