L’œuvre de Rachel Kah est avant tout celle du temps et de ses traces, qu’elle tente de saisir. Elle s’empare de matériaux bruts et vivants, altérés mais présents. Des supports qui portent une histoire, autrefois robustes, aujourd’hui dégradés, blessés. Son travail tend à esquisser ce vécu, transposition de son regard porté sur les vulnérabilités de l’Homme.
Elle intervient entre confrontations et dialogues des matières, jusqu’à l’équilibre. La main alerte et sûre, le geste rare mais précis. Radical, le travail de Rachel Kah se savoure ainsi par contrastes : le minimalisme y est généreux, la pureté productive.
A gauche : Rouille, 70x50cm – Sable, métal et zinc sur MDF
A droite : Sans titre 2, 21x15cm – Technique mixte sur carton entoilé
Le sable, le béton, le zinc, la terre se rencontrent et se défient. La rouille et la cendre deviennent liants. L’artiste scrute chaque potentiel, et sous une apparente simplicité nous en dit beaucoup. Car il s’agit, pour chaque œuvre, d’une pulsion, d’un élan vital. Elle nous rappelle que la naturalité de toute matière aurait une indéfectible tendance à disparaître, par à-coups de phénomènes organiques, lents mais non moins inévitables. Et de même qu’elle révèle cette tension, elle fait de la matière une œuvre qui l’inscrit dans le temps, lui offre une seconde lecture, une seconde vie.
Une condition en réalité celle de l’Homme, mortel parmi les mortels aux fractures enfouies. L’hypersensibilité de Rachel Kah, qui sait voir l’autre au-delà de ses habitus et apparats, ne peut qu’être inhérente à ce processus de matières qui se montrent, à nu. Elles y sont réciproquement fragiles et puissantes, éphémères et pourtant soudain figées.
A gauche : Signe, 100x70cm – Sable et terre sur MDF
A droite : Strate, 100x70cm – Technique mixte sur MDF
Un travail qui ne saurait être efficace sans technique ni savoir-faire. La carrière d’architecte de Rachel Kah lui assure ici une maitrise certaine du matériau, et de l’espace. Une carrière qu’elle a mené avec brio, sans jamais se détacher de son besoin de créer autrement, de s’exprimer, jusqu’à s’y vouer intégralement.
D’une sensibilité indépendante, presque sauvage, l’artiste conçoit la création comme un territoire où nul individu ne peut l’influencer. Son art se prolonge avec la sculpture, où le matériau prend la figure d’hommes souvent solitaires, toujours solides, aux blessures fières et criantes. Protéiforme, donc, le travail de Rachel Kah nous dit le précieux paradoxe que celui de vivre, et de l’incomplétude. D’une sincérité salutaire.
Rachel KAH expose cette année avec Mecenavie, sur le salon ArtExpo New York 2020.
Site internet : Rachel KAH
EXPOSITIONS :
- Octobre 2019 : Art-Shopping au Carrousel du Louvre, Paris, France – Exposition personnelle
- Mars à Mai 2020 : Galerie Rossocinabro, Rome – Italie – Exposition collective
- Mars à Mai 2020 : Adequat Interiors, boutique d’architecture d’intérieur, Orbe – Suisse
- Mai 2020 : Tokyo Metropolitan Art Museum, Tokyo – Japon – Exposition collective - REPORTÉ
- Octobre 2020 : ArtExpo New-York 2020, États-Unis – Exposition collective (MECENAVIE)
- Décembre 2020 : Insaartplaza Gallery, Séoul, Corée du Sud – Exposition collective
- Mai 2021 : Galerie du carolin, Syens – Suisse – Exposition personnelle
A gauche : L’homme seul 1, 41x6x6 cm – Bronze
A droite : L’homme seul 4, 94x9x9 cm – Bronze sur tige métal